Alice In Chains ǂ 'Rainier Fog' (2018)
Opus VI.
Nous sommes en 2018, Alice In Chains est en vie.
L'histoire ne se refait pas : né en 1987, le groupe américain reste l'un des derniers piliers actifs d'une mouvance anciennement nommée grunge, effervescence temporaire et interne à la scène de Seattle, grande ville de la pluie. Un lieu, une étiquette accolée : il ne fallait pas grand chose pour mystifier un rock sale et déprimée. Rock qui s'effrite de l'intérieur, ADN qui cloche.
La déprime aime la mort, cliché rattrapant la réalité : la Fourche copine avec légendes naissantes et s'est chargée des grands noms. Cobain, Cornell, emblèmes emportés à quelques vingt-trois années d'écart.
L'histoire d'Alice In Chains elle aussi a son emblème, mais aujourd'hui est un autre temps. Le groupe, depuis 2006, apprend à vivre avec ses disparus et fixe l'horizon en funambule. Fil ténu de la résilience : un malheur à dépasser, dans le respect des mémoires.
La faucheuse et sa vindicte : Layne Staley, frontman originel d'AIC, est retrouvé mort le 19 avril 2002. Il laisse au groupe un vibrato existentiel et acide, coloration angoissée dont les trois premiers albums restent à jamais imprégnés.
Après lui, le vide. Un deuil à faire. Avec Layne, Alice aurait pu mourir - aurait dû, aux dires émus de ceux qui s'enchaînent aux racines. Mais les gardiens les plus fervents de la mémoire ont beau la congeler, ils ne sont pas les décideurs.
Que reconstruire ? Une part de l'équation tenait au fait que Jerry Cantrell, cofondateur d'AIC avec le batteur Sean Kinney, parvienne à cette sérénité seule propice à une renaissance de ces guitares rampantes, ou à une réinvention des choses. Cantrell était certes légitime, mais l'agrément de l'entourage de Layne était prérequis. Le temps a fait son œuvre, les astres se sont alignés. Cantrell, un temps refugié en cloître solo (deux albums honorables), a rouvert la carte des horizons collectifs. Nouvelles promenades en vue.
Et un homme est entré dans la danse : William Bradley DuVall, ex-figure hardcore au teint métis, tout sauf l'image de Layne. Comes With The Fall ou Giraffe Tongue Orchestra figurent entre autres parmi les projets dans lesquels William apparaît. Il est le nouveau chanteur d'Alice In Chains depuis 2006, intronisé sans grandes manières par les trois autres membres historiques, Cantrell en tête.
Rendre hommage à DuVall n'est faire que justice.
William n'est pas Layne et n'a jamais essayé de l'être. Un Layne ne se remplace pas, tout clone instrumentalise l'histoire et a l'échec pour seul destin.
Mais succéder à Layne relève du possible. Will ne sera donc pas Layne. Sa voix, plus chaude, a des relents plus soul que celle de Staley. William réalise alors le possible : il n'est pas simple remplaçant, il participe au renouveau. Authenticité d'intention que celle du nouveau protagoniste : dans ce don de soi, il y a ode au passé autant qu'espoir au présent. Un très, très bon chanteur, au charisme positif, entre dans la famille. Il arrive avec sa guitare. Une autre histoire commence, dans le souvenir et avec sérénité. La démarche est saine et les fidèles, in fine, en sauront gré au successeur.
William a participé à la confection du marquant Black Gives Way To Blue (2009) : l'album du retour, une collection de chansons faramineuse ; et pour ce qui nous concerne, une pierre d'angle dans la discographie. Il y a ensuite eu le moins épatant et plus lisse The Devil Put Dinosaurs Here (2013) : pas aussi charnel et urgent que son prédécesseur, pas aussi passionnant ni habité. Comme une petite routine qui s'installait, déjà.
Rainier Fog, en 2018, est le troisième album de Cantrell & co. à impliquer DuVall. Celui qui, numériquement, le met à égalité de formats longs avec Layne. La logique d'intégration s'est encore accentuée et conforte la place qui lui a été accordée. Dans les crédits de Rainier Fog, William est déclaré compositeur de deux morceaux : "So far under" et un "Never fade" en forme d'écrin-mémoire pour les personnes de Staley et Chris Cornell.
Ce disque ne ressemble pas vraiment à l'un des deux précédents, alors qu'il est produit par le même homme : Nick Raskulinecz. Ses formats sont les plus ramassés depuis la réactivation studio du groupe, et le commentaire a pu rapprocher Rainier Fog d'anciens travaux d'Alice In Chains période Staley : dans la concision des structures, la mélodicité... et c'est vrai qu'elle est là cette vibration, en petits flashes irradiant l'ensemble.
Les lieux ne dictent pas tout : alors que l'opus VI a partiellement été enregistré dans les mêmes lieux que ceux où coula le bain glacé de l'album homonyme de 1995, c'est-à-dire le dernier de Layne (Bad Animals, devenu X Studios), les chansons de Rainier Fog - référence au Mont Rainer, volcan surplombant la ville natale du groupe - ambitionnent une forme qui pourrait rester parmi les plus directes de la discographie impliquant DuVall. La nouvelle collection est marquée par une qualité d'écriture indéniable.
Mais si l'aération de la production aboutit en 2018 à une plastique sonore irréprochable (la clarté des reliefs stupéfie), le bilan mérite nuance.
L'une des grandes réussites du disque, dont l'enregistrement a démarré le 12 juin 2017 pour une confection aboutie début 2018, est dans l'achèvement de la dualité vocale entre Jerry et William. Le couplage des voix est dans l'ADN d'Alice In Chains, depuis les tout débuts. Lentement mais sûrement, DuVall et Cantrell ont créé une chimie à eux propre et qui prolonge avec une classe inouïe les flottements acides et au cordeau de l'AIC des années 1990. C'est le cas sur la chanson éponyme, "Rainier Fog", acte d'héroïsme rock et ode à la scène de Seattle : un titre contenant référence aux disparus de l'histoire, Mike Starr et Layne, et dont la démo a été enregistrée avec le concours du bassiste Duff McKagan (GN'R). Flots d'énergie, fantômes alentour et goutelettes d'histoire givrant sur le rétroviseur. Les choses ont une origine, et ces musiciens n'oublient pas d'où ils viennent.
Les guitares, évidemment, se remarquent. Versatiles dans leurs formulations : ici un amas métallique (l'abrupt "The One you know", premier single écrit à l'époque du décès de Bowie, ne nous bouleversa pas plus que ça) ; ailleurs, d'éventuelles fioritures orientalistes ("Deaf Ears Blind Eyes"). Cantrell reste intouchable, quoique des compétences extérieures aient pu être requises : l'ami Chris DeGarmo (Queensrÿche) a participé à l'élaboration de l'anxiogène et doomesque "Drone".
La basse d'Inez, sobre mais toujours angulaire, sert elle aussi, et bellement : elle donne cette ampleur au champ dans lequel les guitares dessineront leurs essentielles arabesques ("Maybe"). Le claquant de la basse renforce en outre la percussion, lorsqu'Alice In Chains présente sa forme la plus élancée et classiquement métallique ("Never fade").
La forme, le fond.
De part en part de l'album se manifeste une manufacture pop. Sans qu'AIC se départisse des épaisseurs attendues, elle fait filigrane et contribue à donner à Rainier Fog une aura plus positive que la moyenne des créations du groupe. Amertume en dissolution lente, nouveaux horizons en esquisse.
Petit revers de la médaille, l'évidence pop marquant cette collection de choses donne le sentiment de réduire le clair obscur qui fait la marque. Elles offrent davantage de confort, alors que nous ne l'attendions ou ne l'espérions pas forcément. ADN mutant ? Fort heureusement, une abrasion stylée et le sens de la boucle font des points de croix : "So far under" en est un exemple émouvant. Ici, l'épaisseur des phrasés de guitares descendants exhument quelque chose de l'Alice In Chains de la première époque. Résurgence : à ces quelques moments-là oui, il se passe quelque chose qui frôle magie. Certaines choses ne changent jamais.
Reste bien un dernier regret, et à un niveau plus englobant : l'énergie positive qui marque le disque, signant a priori un affermissement des liens en interne, n'aboutit pas à une collection de compositions ressentie comme aussi forte et constante que celles d'un Black Gives Way To Blue.
Certes, Alice In Chains donne en 2018 une vraie et belle respiration à sa musique - si tel était le but, c'est réussi - mais celle du cru 2009 avait ce quelque chose de parfois étouffant - cette signature - que le temps n'entame en rien et qui fascine encore aujourd'hui ("A Looking in View"). Nous aimions par-dessus tout cet AIC dans sa consumation mélancolique ("Private Hell") qu'en 2018, nous avons le sentiment de retrouver un peu moins, ou diosns de manière moins uniforme. Les temps changent mais ne gâchons pas la fête : les artisans gardent vaillance, et l'exploit du spleen se renouvelle indéniablement le temps du final "All I am", crépusculaire ballade où la beauté du son du groupe actuel culmine.
La musique est une expérience éminemment personnelle et raccroche le présent à des souvenirs. Mais le grunge est mort. En persistant à dire quelque chose après Layne, Alice In Chains remue nos souvenirs en même temps qu'il donne sens au présent. Bien sûr, l'expérience qui en sera retirée débouchera sur aléatoires sentiments et jouissance, au gré des attentes de chacun, au gré des chansons. Au delà de la perte et la meurtrissure, c'est une école de dignité : par les précautions apportées à leur manufacture, et dans cette chimie de groupe restaurée, Cantrell & co. expriment un respect d'eux-mêmes dans leur adresse à l'auditoire. C'est le socle du devenir.
Get born again.
La mort est terreau de la légende, et les vivants se chargent du reste.
ǂ
ALICE IN CHAINS - Rainier Fog
Production : Nick Raskulinecz
BMG - 24/08/2018
#aliceinchains
#rainierfog
-
Les mots ouvrent des portes sur les choses. Remerciements personnels à ceux qui, un jour, trouvèrent les mots pour me faire découvrir et aimer ce son de Seattle : Stéphane Astier, Christophe Parot, Philippe Pompougnac.
Je vous dois quelque chose, les gars.
Nous sommes en 2018, Alice In Chains est en vie.
L'histoire ne se refait pas : né en 1987, le groupe américain reste l'un des derniers piliers actifs d'une mouvance anciennement nommée grunge, effervescence temporaire et interne à la scène de Seattle, grande ville de la pluie. Un lieu, une étiquette accolée : il ne fallait pas grand chose pour mystifier un rock sale et déprimée. Rock qui s'effrite de l'intérieur, ADN qui cloche.
La déprime aime la mort, cliché rattrapant la réalité : la Fourche copine avec légendes naissantes et s'est chargée des grands noms. Cobain, Cornell, emblèmes emportés à quelques vingt-trois années d'écart.
L'histoire d'Alice In Chains elle aussi a son emblème, mais aujourd'hui est un autre temps. Le groupe, depuis 2006, apprend à vivre avec ses disparus et fixe l'horizon en funambule. Fil ténu de la résilience : un malheur à dépasser, dans le respect des mémoires.
La faucheuse et sa vindicte : Layne Staley, frontman originel d'AIC, est retrouvé mort le 19 avril 2002. Il laisse au groupe un vibrato existentiel et acide, coloration angoissée dont les trois premiers albums restent à jamais imprégnés.
Après lui, le vide. Un deuil à faire. Avec Layne, Alice aurait pu mourir - aurait dû, aux dires émus de ceux qui s'enchaînent aux racines. Mais les gardiens les plus fervents de la mémoire ont beau la congeler, ils ne sont pas les décideurs.
Que reconstruire ? Une part de l'équation tenait au fait que Jerry Cantrell, cofondateur d'AIC avec le batteur Sean Kinney, parvienne à cette sérénité seule propice à une renaissance de ces guitares rampantes, ou à une réinvention des choses. Cantrell était certes légitime, mais l'agrément de l'entourage de Layne était prérequis. Le temps a fait son œuvre, les astres se sont alignés. Cantrell, un temps refugié en cloître solo (deux albums honorables), a rouvert la carte des horizons collectifs. Nouvelles promenades en vue.
Et un homme est entré dans la danse : William Bradley DuVall, ex-figure hardcore au teint métis, tout sauf l'image de Layne. Comes With The Fall ou Giraffe Tongue Orchestra figurent entre autres parmi les projets dans lesquels William apparaît. Il est le nouveau chanteur d'Alice In Chains depuis 2006, intronisé sans grandes manières par les trois autres membres historiques, Cantrell en tête.
Duvall, le successeur |
Rendre hommage à DuVall n'est faire que justice.
William n'est pas Layne et n'a jamais essayé de l'être. Un Layne ne se remplace pas, tout clone instrumentalise l'histoire et a l'échec pour seul destin.
Mais succéder à Layne relève du possible. Will ne sera donc pas Layne. Sa voix, plus chaude, a des relents plus soul que celle de Staley. William réalise alors le possible : il n'est pas simple remplaçant, il participe au renouveau. Authenticité d'intention que celle du nouveau protagoniste : dans ce don de soi, il y a ode au passé autant qu'espoir au présent. Un très, très bon chanteur, au charisme positif, entre dans la famille. Il arrive avec sa guitare. Une autre histoire commence, dans le souvenir et avec sérénité. La démarche est saine et les fidèles, in fine, en sauront gré au successeur.
William a participé à la confection du marquant Black Gives Way To Blue (2009) : l'album du retour, une collection de chansons faramineuse ; et pour ce qui nous concerne, une pierre d'angle dans la discographie. Il y a ensuite eu le moins épatant et plus lisse The Devil Put Dinosaurs Here (2013) : pas aussi charnel et urgent que son prédécesseur, pas aussi passionnant ni habité. Comme une petite routine qui s'installait, déjà.
Rainier Fog, en 2018, est le troisième album de Cantrell & co. à impliquer DuVall. Celui qui, numériquement, le met à égalité de formats longs avec Layne. La logique d'intégration s'est encore accentuée et conforte la place qui lui a été accordée. Dans les crédits de Rainier Fog, William est déclaré compositeur de deux morceaux : "So far under" et un "Never fade" en forme d'écrin-mémoire pour les personnes de Staley et Chris Cornell.
Ce disque ne ressemble pas vraiment à l'un des deux précédents, alors qu'il est produit par le même homme : Nick Raskulinecz. Ses formats sont les plus ramassés depuis la réactivation studio du groupe, et le commentaire a pu rapprocher Rainier Fog d'anciens travaux d'Alice In Chains période Staley : dans la concision des structures, la mélodicité... et c'est vrai qu'elle est là cette vibration, en petits flashes irradiant l'ensemble.
Les lieux ne dictent pas tout : alors que l'opus VI a partiellement été enregistré dans les mêmes lieux que ceux où coula le bain glacé de l'album homonyme de 1995, c'est-à-dire le dernier de Layne (Bad Animals, devenu X Studios), les chansons de Rainier Fog - référence au Mont Rainer, volcan surplombant la ville natale du groupe - ambitionnent une forme qui pourrait rester parmi les plus directes de la discographie impliquant DuVall. La nouvelle collection est marquée par une qualité d'écriture indéniable.
Mais si l'aération de la production aboutit en 2018 à une plastique sonore irréprochable (la clarté des reliefs stupéfie), le bilan mérite nuance.
Alice In Chains 2018 : Sean Kinney, Jerry Cantrell, William DuVall, Mike Inez |
L'une des grandes réussites du disque, dont l'enregistrement a démarré le 12 juin 2017 pour une confection aboutie début 2018, est dans l'achèvement de la dualité vocale entre Jerry et William. Le couplage des voix est dans l'ADN d'Alice In Chains, depuis les tout débuts. Lentement mais sûrement, DuVall et Cantrell ont créé une chimie à eux propre et qui prolonge avec une classe inouïe les flottements acides et au cordeau de l'AIC des années 1990. C'est le cas sur la chanson éponyme, "Rainier Fog", acte d'héroïsme rock et ode à la scène de Seattle : un titre contenant référence aux disparus de l'histoire, Mike Starr et Layne, et dont la démo a été enregistrée avec le concours du bassiste Duff McKagan (GN'R). Flots d'énergie, fantômes alentour et goutelettes d'histoire givrant sur le rétroviseur. Les choses ont une origine, et ces musiciens n'oublient pas d'où ils viennent.
Les guitares, évidemment, se remarquent. Versatiles dans leurs formulations : ici un amas métallique (l'abrupt "The One you know", premier single écrit à l'époque du décès de Bowie, ne nous bouleversa pas plus que ça) ; ailleurs, d'éventuelles fioritures orientalistes ("Deaf Ears Blind Eyes"). Cantrell reste intouchable, quoique des compétences extérieures aient pu être requises : l'ami Chris DeGarmo (Queensrÿche) a participé à l'élaboration de l'anxiogène et doomesque "Drone".
La basse d'Inez, sobre mais toujours angulaire, sert elle aussi, et bellement : elle donne cette ampleur au champ dans lequel les guitares dessineront leurs essentielles arabesques ("Maybe"). Le claquant de la basse renforce en outre la percussion, lorsqu'Alice In Chains présente sa forme la plus élancée et classiquement métallique ("Never fade").
La forme, le fond.
De part en part de l'album se manifeste une manufacture pop. Sans qu'AIC se départisse des épaisseurs attendues, elle fait filigrane et contribue à donner à Rainier Fog une aura plus positive que la moyenne des créations du groupe. Amertume en dissolution lente, nouveaux horizons en esquisse.
Petit revers de la médaille, l'évidence pop marquant cette collection de choses donne le sentiment de réduire le clair obscur qui fait la marque. Elles offrent davantage de confort, alors que nous ne l'attendions ou ne l'espérions pas forcément. ADN mutant ? Fort heureusement, une abrasion stylée et le sens de la boucle font des points de croix : "So far under" en est un exemple émouvant. Ici, l'épaisseur des phrasés de guitares descendants exhument quelque chose de l'Alice In Chains de la première époque. Résurgence : à ces quelques moments-là oui, il se passe quelque chose qui frôle magie. Certaines choses ne changent jamais.
Reste bien un dernier regret, et à un niveau plus englobant : l'énergie positive qui marque le disque, signant a priori un affermissement des liens en interne, n'aboutit pas à une collection de compositions ressentie comme aussi forte et constante que celles d'un Black Gives Way To Blue.
Certes, Alice In Chains donne en 2018 une vraie et belle respiration à sa musique - si tel était le but, c'est réussi - mais celle du cru 2009 avait ce quelque chose de parfois étouffant - cette signature - que le temps n'entame en rien et qui fascine encore aujourd'hui ("A Looking in View"). Nous aimions par-dessus tout cet AIC dans sa consumation mélancolique ("Private Hell") qu'en 2018, nous avons le sentiment de retrouver un peu moins, ou diosns de manière moins uniforme. Les temps changent mais ne gâchons pas la fête : les artisans gardent vaillance, et l'exploit du spleen se renouvelle indéniablement le temps du final "All I am", crépusculaire ballade où la beauté du son du groupe actuel culmine.
Rainier Fog - couverture anglaise alternative, couleur crême |
La musique est une expérience éminemment personnelle et raccroche le présent à des souvenirs. Mais le grunge est mort. En persistant à dire quelque chose après Layne, Alice In Chains remue nos souvenirs en même temps qu'il donne sens au présent. Bien sûr, l'expérience qui en sera retirée débouchera sur aléatoires sentiments et jouissance, au gré des attentes de chacun, au gré des chansons. Au delà de la perte et la meurtrissure, c'est une école de dignité : par les précautions apportées à leur manufacture, et dans cette chimie de groupe restaurée, Cantrell & co. expriment un respect d'eux-mêmes dans leur adresse à l'auditoire. C'est le socle du devenir.
Get born again.
La mort est terreau de la légende, et les vivants se chargent du reste.
ǂ
ALICE IN CHAINS - Rainier Fog
Production : Nick Raskulinecz
BMG - 24/08/2018
#aliceinchains
#rainierfog
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Les mots ouvrent des portes sur les choses. Remerciements personnels à ceux qui, un jour, trouvèrent les mots pour me faire découvrir et aimer ce son de Seattle : Stéphane Astier, Christophe Parot, Philippe Pompougnac.
Je vous dois quelque chose, les gars.
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