Olivier Drago (New Noise) crache ses disques

Olivier Drago est le rédacteur en chef de New Noise, revue spécialisée dans tous les types de musiques alternatives (ou non, d'ailleurs) : celles qui crachent, qui ambiancent, qui thrashent, qui en jettent, qui ont du jus, qui vous pompent jusqu'à la dernière goutte - en bref : toutes les musiques que lui et sa fine équipe considèrent comme bonnes - c'est quand même pas compliqué, ou alors c'est que t'as plus assez de cerveau pour avoir mal à la tête.

Les étagères d'un rédac-chef de mag indé ultra-prisé étant forcément bien remplies, nous sommes partis à la pêche mentale de cette espèce rare, forçant d'abord l'énergumène à se dévoiler un peu sur quelques sujets vitaux, avant de passer aux choses sérieuses : une sélection de disques toute personnelle et basée sur :
-  la présence des références choisies sur ses étagères ;
- et des critères très précis, en fonction desquels il devait réagir en mode flash, et en argumentant s'il vous plaît. 

NB : avant que lecture ne débute et par simple souci de transparence, précisons au lectorat que nous connaissons le bonhomme, ce qui expliquera certaines remarques glissées dans le rédactionnel par pure coquinerie et surtout parce qu'on fait ce qu'on veut.

Et ça a donné ça.

Olivier Drago - portrait : William Lacalmontie

Pour Olivier Drago, où se situe la noblesse du journalisme rock ?
Olivier Drago : J’ai eu beau demander, on n’a jamais voulu me donner l’adresse. Selon certaines sources, les bureaux de Rock'n’Folk se trouveraient dans le Château de Versailles, mais je n’ai jamais osé aller vérifier.

L'éthique appliquée à New Noise. Tu as cinq mots pour la définir. Ils forment une phrase ou non.
Certains musiciens nous reprochent de trop étiqueter, de les enfermer dans des cases. Moi je leur réponds : créez une musique totalement originale, et le problème sera résolu.
Désolé, j’ai dépassé.

Personne n'a jamais vu ton visage sans casquette. La rumeur courant que tu ne perds pas tes cheveux, des masses d'où te vient cette passion pour la coiffe tissu légère et sur quel critères t'appuies-tu pour le choix de tes couvre-chefs ?
Ah, la casquette ! La question qui revient le plus quand des gens me reconnaissent aux concerts ou en festival… après le : "c’est toi Drago-de-Noise ?" de rigueur, c’est : "tu portes toujours CETTE casquette ?". Alors, voici la réponse une bonne fois pour toute : j’ai deux, bientôt trois, casquettes "Mr Bungle". Tu crois qu’on demandait souvent à Cousteau s’il portait toujours le même bonnet rouge ? (NDLA : c'est la rançon de la gloire ainsi façonnée - une image colle pour toujours à la peau, même à celle des punks à casquette. Être culte, c'est aussi assumer.)

Et maintenant, la discothèque flash. Le moment vérité.
Tu fais un choix d'un disque par critère proposé, et tu argumentes de manière efficace et radicale. En gros, tu te démerdes.

1. Le disque le plus épicé
The Haunted – S/T
On l’écoutait beaucoup en soirée à l’époque où j’étais accroc au bloody mary, il s’est donc pris pas mal de Tabasco. (NDLA : l'histoire ne dit pas si Drago avait placé des enceintes aux toilettes de l'appartement pour diffuser des douceurs.)

2. Le disque le plus écœurant
Fecalizer/Paracocci - Split

C'est vrai que c'est beau

3. Le disque qui te donne envie de pleurer
Metallica - Kill ‘Em All
C’est triste, non ?


4. Le disque qui te donne envie de faire caca
Quiconque me connaît te dira que je n’ai besoin de rien ni personne pour m’aider, ça vient vraiment tout seul. Mais je dirais Ecoute La Merde - L'Unité Du Rien ou n’importe quel autre disque de… Vomir (ce sont tous les mêmes). Je sais, c’est paradoxal.
(NDLA : après Fecalizer, pas tant que ça.)

5. Le disque que tu éviterais par-dessus tout d'emporter sur une île déserte, mazette !
Bah, ce serait forcément un disque que je déteste, non ? Donc aucune raison que je le possède et me retrouve sur une île déserte avec. Sauf si mon pire ennemi me l’a offert… (NDLA : Ce type a réponse  à tout - ça, c'est les rédac-chefs ça).

6. Le disque qui t'indiffère au plus haut point
The Velvet Underground & Nico – S/T 
A chaque fois que je l’écoute, mon attention glisse.


7. Le disque qui t'a traumatisé quand tu étais petit

The Beatles - The Blue Album/The Red Album
Même gamin je trouvais ça terriblement insupportable et niais, et le jour où j’ai dû chanter "Yellow Submarine" devant toute la classe en cours de musique au collège reste l’un des moments les plus embarrassants de ma vie. Ma mère n’écoutait que les Beatles, UB40 et Graeme Allwright (et plus tard, Danny Brillant), absolument rien d’autre. Autant dire que je lui dois tout en matière de goûts musicaux. (NDLA : The Beatles et Graeme n'ont rien à voir avec tes problèmes, tu nous les dégages de ce bourbier où on t'envoie G.I. Joe.)


8. Le disque qui t'a traumatisé adulte
Laisse-moi quelques années encore.

9. Le disque de Mike Patton que tu penses à la limite du hors-jeu
Sans surprise, Mondo Cane. De la variété italienne, un orchestre, un costard blanc, ne manque qu’un featuring de Toto Cutugno. Même si je suis 50% italien (biologiquement du moins), c’est non.
(NDLA : Pense à la mozza pour ce soir.)


10. Le disque que tu pourrais écouter n'importe quel jour tellement c'est toi, tellement c'est lui, tellement c'est vous quoi
Sans surprise non plus, Faith No More - Angel Dust
L’ultime disque de bâtards, atomiseur de bon-goût, hors-cadre, imprévisible.



11. Le disque que tu offrirais à ton pire ennemi avec un ruban autour
The Melvins - Eggnog
Drôle de question.
(NDLA : mes questions sont toujours drôles, ou presque - et surtout, ça permet de  pousser les hommes à casquette dans leurs retranchements)
12. Le disque que tu conseillerais à un punk ignare
Sex Pistols – Never Mind The Bollocks



13. Le disque que tu conseillerais à un punk savant
Restons dans le domaine du plausible STP.

14. Le disque dont le bruit te dérange
N’importe quel disque de pop-R’n’B… enfin, cette musique qu’on entend souvent dans les magasins de fringues, les centre commerciaux… Les premières minutes, je n’y fais pas attention - et puis d’un coup ça m’agresse, vraiment, physiquement ; et il faut que me barre vite de là. Je suppose que c’est ce que ressentent certaines personnes quand on leur impose du death metal, par exemple.  ǂ


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Remerciements : à Mr Bungle et aux façonneurs de tissus légers, pour cette distinction que vous avez su insuffler à certaines existences.

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