New Order ǂ Quelle place dans l'histoire pour 'Music Complete' ?

Le ressentiment est pernicieux, et grignote de l'intérieur celui qui l'éprouve au long cours. Music Complete, le dernier vrai album en date de New Order - et le premier sans Peter Hook - est sorti il y a à peine deux ans. Première publication de NO chez Mute. Quelque ressentiment a accompagné son histoire, plus ou moins ouvertement au gré de l'opposition qui a demeuré, depuis 2015, entre l'ex-bassiste du groupe de Manchester, et ses ex-collègues de jeu - eux-mêmes et comme Peter, ex-Joy Division, du moins pour ce qui concerne Bernard Sumner et Stephen Morris. De ces hommes qui comptent tout de même un brin, dans le monde artistiquement ébouriffant de l'after-punk. 

En pareil contexte, et quelque sympathie qu'on puisse éprouver pour quelque personnalité que ce soit impliquée dans cette tumultueuse histoire, se faire une idée précise de la place de Music Complete dans notre construction personnelle de l'histoire NO allait prendre plus de temps que la moyenne. 
Et nous y voilà.



Notre monde, d'abord, n'est évidemment pas celui des protagonistes de l'histoire. Si vérité il y a, c'est d'abord la leur. De leur ressenti, de leur situation, nous ne saisissons que l'écume des choses, à travers échos de presse, communiqués, interviews plus ou moins tapageuses. Mais nous en retirons forcément quelque chose, et ce quelque chose nourrit notre projection sur New Order. Chacun, à sa manière, s'accapare un récit.

La démangeaison intérieure faite jour par certaines écritures (les livres et interviews de Peter Hook contiennent mots verts, Bernard et Stephen tenant leur langue autrement) s'est peut-être estompée - et on le leur souhaite - avec la résolution récente du litige : celui qui opposait Hooky à Barney, Stephen et la claviériste Gillian Gilbert quant aux conditions juridiques et financières de la poursuite d'activités musicales et aux rétributions liées directement ou indirectement à New Order. 
Si estompe il y a, c'est certainement récent. Peter Hook disait il y a encore peu au média Noisey, dans un entretien recueilli par Pascal Bertin, et mis en ligne le 13 octobre 2017 : "Mon unique problème dans la vie, c'est celui que j'ai depuis le 19 mai 1980, c'est New Order !" 
Ses ex-collègues en auraient peut-être autant pour sa pomme, mais pour être tout à fait honnête avec vous, on ne leur a pas demandé.

Le ressenti(ment) se dessine, drôlatiquement parfois, au fil des pages des volumineux ouvrages biographiques de Hooky, et notamment le récent Substance (un envers du décor paru début octobre 2016 et sorti un an plus tard en version française chez Le Mot & Le Reste). Du temps de sa présence dans NO, le bassiste aux sons aigus semble avoir passé le plus sobre de son temps à lutter pour exister et défendre une opinion. 
Et voilà, Peter : à trop foutre la merde avec tes aigus, on en est là maintenant. 
Plus simplement, la situation ici évoquée est l'issue malheureuse de cette détérioration des rapports humains que risque toute histoire collective : dans les groupes, le clash est monnaie courante et la musique est son produit. Quoiqu'au sein de NO, le maître de cérémonie (comprenez directeur artistique) semble être resté Bernard Sumner. Bernard plus que Peter, en tout cas - sinon, nous s'en serions pas là. Bernard, Barney, nommez-le à votre guise - le même en tout cas, que celui qui produisait ce bruit de guitare bizarrement dissonant et urbain pour Joy Division. Le même qui entretenait avec Hook, et sans doute de manière croissante avant 2007, un certain nombre de différences musicales et humaines. Un fossé, creusé au point de l'irréconciable. Non retour. 
Chacun aura de toute façon ses raisons pour lui - mais ce New Order-, le New Order historique, semble bel et bien révolu. 


Divorce (procédure)
"Je vous demande de vous arrêter !", lançait Edouard aux chiffonniers le 23 avril 1995. Tu parles, Charles. Quand les gens ne sont pas contents, ils bruissent et c'est tout. 
Considérant compromis l'avenir de NO (nous sommes en 2007), Peter monte plus tard Hook & The Light (vigoureux projet live incluant son fils Jack) et revisite sur scène les répertoires de Joy Division puis de New Order. Bernard, lui, a fait émerger le projet Bad Lieutenant dès 2007. Il incorpore entre autres Phil Cunningham et Tom Chapman, futur second bassiste de New Order.
Barney, Stephen et Gillian Gilbert ne restructurent officiellement NO qu'à partir de 2011 (musicalement mais aussi juridiquement, avec création d'une nouvelle compagnie par le trio : New Order Ltd., seconde structure à s'occuper des affaires de NO après Vitalturn Ltd, créée en 1992 et dans laquelle Hook a des intérêts). 
L'aventure est relancée sans le bassiste originel mais avec certaines personnes impliquées dans Bad Lieutenant - dont Chapman. Et les relations n'en finiront plus de se dégrader. In fine, Barney & co. reprocheront à Peter l'exploitation faite des termes New Order et Joy Division dans son merchandising solo. Hook répond par récriminations à l'occasion de son recours en justice (2015) : réclamations de sa part, au principal, sur le paiement de royalties qu'il s'estime dues sur la période d'activité de ses ex-camarades démarrée en 2011. Des chiffres en millions de livres sterling circulent et le "pillage du nom" revient dans certains argumentaires. 
Furieuse tournure judiciaire, donc, que celle prise par l'ancienne relation de travail. Aux juges de marner maintenant, coûts procéduraux et fiel à la clef. Contexte moins charnel a priori, que de bonnes vieilles engueulades en salle de répétitions - mais sans doute aussi pénible à vivre pour chaque partie en présence. Un contentieux dont la publicité a pu, au moins un temps, dégrader l'image des personnes concernées. Que voulez-vous que je vous dise : la musique restera toujours plus émouvante que le music business.
Mais un principe demeure, intangible, en toute société de droit qui veut bien se respecter : justice doit passer, quel que soit le temps nécessaire à cela. La compilation de chutes de studio Lost Sirens (à loger à droite de votre exemplaire de Waiting For The Sirens' Call, paru en 2005) avait déjà mis quelques plombes à sortir ; et à partir de 2013, année de publication de cette collection de choses, quatre années supplémentaires auront été nécessaires pour assainir juridiquement les rapports entre les ex. 
Et voilà. 
Un jour, il faut passer à autre chose.
Quant aux termes juridiques et financiers de l'accord entre les ex, ils sont restés secrets. 
Parce que, n'en déplaise éventuellement à quelques rapaces, la chose ne regarde que les personnes directement concernées.

L'issue judiciaire du conflit Hook vs. Barney & co. est annoncée par NO le 20 septembre 2017. En 2015, rien n'est résolu et la sortie de Music Complete intervient donc dans un contexte de tension entre ex-partenaires en crime. 
Le contenu explosé de l'album et la survivance d'un New Order sans Hooky allaient fatalement provoquer débat au sein de la communauté des adeptes. C'était programmé. Quel suiveur de Cure, entre nous, pourrait s'entendre dire sans haut-le-coeur que, bof, Gallup c'est du passé ? Tintin ! Les amoureux de basses frigorifiques ont un petit coeur en forme de marmite. 
Finalement, tout le monde finit par s'engueuler dans cette histoire, à l'intérieur comme à l'extérieur. Dans la société civile, il y en a eu des mots d'oiseaux qui ont volé sur New Order et sa version studio post-Hook : accrochages écrits en réseaux sociaux (la Fesse du Bouc est tout sauf terrain de modération), batailles verbales de rue (des gens criaient en bas de chez moi, certains pleuraient, j'en ai vu même qui saignaient), lancers de pichets de vin à la cantine (de visu, les étudiants concernés avaient majoritairement plus de quarante ans). En 2017, quelques garnisons de followers die-hard s'étripent d'ailleurs encore, entre ceux qui prennent fait et cause pour Hooky (le groupe ne peut exister sans lui et sans sa basse angulaire !) et les autres : ceux qui ne veulent pas abandonner le rêve, qui refusent la mort de New Order et auxquels la sortie en 2015 d'un nouvel album estampillé NO fournit preuve de survivance d'une idée musicale. 
C'est important, une marque, beaucoup plus qu'on ne voudrait (se) l'admettre parfois. 



Enfin. 
Qu'on le prenne comme on le veut et quelles qu'en soient les raisons, il y a l'état de fait : depuis des années, Peter et Bernard ne pouvaient plus travailler ensemble. A posteriori de la séparation, leur façon d'exprimer la situation diffère grandement. Versions et tonalité en divergence, encore et sans doute pour longtemps. Personnalités. Peter est sans doute un être plus sanguin que Bernard, du moins le ressens-je ainsi [tout en précisant que je n'ai gardé les cochons ni avec l'un, ni avec l'autre]
Mais essayons de nous mettre à leur place une seconde. Hooky, par exemple, a tant vécu pour New Order qu'il ne peut envisager sereinement l'écoute d'un disque tel que Music Complete. Ce n'est plus son groupe, ce n'est plus sa musique alors qu'il a longtemps lutté pour NO et que dans son esprit, certainement, cette musique lui doit quelque chose. Pour lui donc - et alors même que Peter ne se soustrait pas à une forme d'autocritique dans ses livres, notamment sur le plan comportemental - sur le strict plan musical, ce ne peut plus être réellement New Order. Un point de vue qu'il a fait entendre. 
Attaché à son apport esthétique et historique au son de NO, à sa personnalité et sa manière d'être aussi (le côté puncher et rentre-dedans de Hook s'attire forcément sympathies), une partie du public a suivi et tourné pouce vers le bas. En cas de divorce, l'entourage peut choisir un camp.

Mais alors, si nous nous extrayons de ce conflit entre les musiciens et de l'acrimonie sous-jacente, si nous essayons de prendre la musique pour ce qu'elle est, de prendre distance, la question se pose : 
Quel statut accorder à Music Complete ? New Order sans Peter Hook peut-il, en substance, être encore New Order ?
Je me reposai cette question à l'occasion d'une sollicitation m'ayant été faite, récemment, par l'activiste post-punk/electro Pedro Peñas Robles (fondateur du label Unknown Pleasures Records) quant à une production d'écriture devant intégrer son prochain ouvrage* sur, vous n'auriez jamais deviné, Joy Division. 
Et j'en suis venu à penser la suite.


New Order 2015 (Music Complete promo session)

Music Complete est un disque ambivalent
C'est un travail autour duquel le discours tenu par le groupe à la presse, en 2015, fait part d'un processus collectivisé. La fête était-elle vraiment plus folle sans Peter ? Si ambivalence il y a, elle ne semble en tout cas pas avoir été dans l'ambiance des préparations. 
Semble en effet épuisé le sujet d'un tension interne. Révolue avec la refonte du line-up. Tension entre celui qui voulait aller à l'essentiel, au rock, à des mélodies et structures simplifiées (Hook), et l'autre homme : celui qui tendait vers une idée peut-être plus exotique et cambrée du son de New Order (Sumner). Une tension qui n'a pas toujours joué en faveur du premier. Ces dernières années, alors que certaines chansons contenaient promesse d'efficacité en mode couplet/refrain (bis) + pont + refrain + outro, ça se terminait régulièrement en petit labyrinthe (cf. "Primitive Notion", "Dracula's Castle"). Finalement, le marquant Get Ready (2001) aura sans doute été la vraie dernière rencontre musicale entre les opposants naturels Barney et Hooky

Et en 2015, du moins à écouter les acteurs du New Order rénové, c'était mieux que jamais. Au risque de l'éparpillement, les idées sont venues d'un peu partout pour Music Complete, certains morceaux se construisant comme des puzzles ("Restless"). Fourmillement, jeu. Du tri. Sacrifices et recombinaisons. Un sentiment de liberté retrouvée, qu'on imagine. Et Hook d'en prendre triste ombrage, certainement.
La musique, en 2015, est donc complète dans son intention : les musiciens expérimentent, et se sont amusés j'imagine. Le fruit : kaléidoscopique et plus ouvertement électronique que celui des deux opus précédents. Music Complete est un disque versatile, jouxtant option dancefloor ouverte et coulés guitaristiques élégants, et ouvrant sa porte aux invités (Iggy sur "Stray Dog", LaRoux sur "Tutti Frutti"). NO, en réalité, ne veut pas choisir, veut tout. Un constat plus qu'un reproche, mais qui abonde dans le sens de l'ambivalence du résultat.

Le son, lui, est rond et cette rondeur unifie le tout. Elle n'est pas la plus grande des surprises. Nous ne sommes plus à l'époque de Brotherhood. En 2015, elle est le résultat d'une production dominée par NO mais qui laisse place à d'autres intervenants. Plusieurs : Tom Rowlands, Stuart Price sur quelques titres, mais aussi Daniel Miller à la production exécutive de tout l'enregistrement. Ca fait beaucoup de monde - et au bout, de l'inégalité, aussi et malheureusement, dans la qualité du propos final. 



J'ai craint cet aléa dans le résultat, à l'époque. A l'aube de la sortie de Music Complete, j'avais peur et assez fort, de la perte d'identité de NO sans la basse de Hook. 
Je crois ne pas avoir été le seul.
La première écoute, et je m'en rappelle très bien, en dépit de l'éclat ressenti face à "Restless" ou à "Academic" (choc instantané) m'a laissé ce sentiment d'ambivalence. Il a demeuré l'expérience se répétant, cédant progressivement du terrain à un sentiment autre : New Order était parvenu à sculpter un nouveau bloc, et avait maintenu par endroits force de style. 
Certes, je n'aimais pas certaines facettes du nouveau bloc. Pas du tout même, au point de pouvoir parler d'exécration. Je ne les aime toujours pas, trouvant leur électronique épaisse et au global un peu trop présente. Pour exemple continue-je d'éprouver horreur littérale face à l'euro-disco de "Tutti Frutti" ou l'electro-pop de "Superheated" : un morceau victime de ses inflexions niaises, et sortie d'album ratée s'il en est (sidérant de réussite, dans le genre - et là c'est le coeur qui parle). Diantre. Ces bougres auraient voulu enterrer le mythe de l'Haçienda qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement. A moi sans doute de faire le deuil d'un disque parfait de New Order, quelles que soient les périodes.




En dépit de ces quelques morceaux-cauchemars, je serai le dernier à dire du New Order 2015 qu'il s'est planté ou pire, fourvoyé avec Music Complete. La réussite de certains titres à guitares m'interpelle aujourd'hui encore au point de me risquer à affirmer que New Order a couché de nouveaux classiques en ces choses nommées "Restless" (orchestrations chavirantes sur la version album), "Nothing but a Fool" ou encore, oui-j'insiste-mais-c'est-comme-ça, "Academic". Pedro, Pedro - ne grimpe pas au rideau. Un sentiment comparable à celui éprouvé, en 2005, à l'écoute de ces aérations pop totales que sont "Who's Joe?" ou "Hey now what you're doing". 
Et puis il y a le reste de Music Complete. "Singularity" tient son rang même si je trouve le résultat un peu moins naturel, moins spontané dans le rendu que les titres précédemment évoqués. "Plastic" reste lui aussi un New Order qui fonctionne, mais un cran encore en-dessous, et dont le reflet général est plus mécanique. Il porte bien son titre.

En définitive et pour moi, le potentiel de ce New Order-là est plus dans ses traces organiques que dans ses produits de synthèse (le milieu de l'album, incluant "People on the high Line", me fait souffrir), même si j'entends bien le désir de réinvestir les possibilités de la technologie. Mais je préfère toujours New Order lorsqu'il mise sur les hommes. 
Et il y en a un qui m'intéresse bigrement, dans toute cette histoire.




Chapman ne singe pas Hook
Un ressenti, déconnecté de la stricte production musicale couchée en 2015 : si la question identitaire de NO se pose à travers la soustraction de la personne et du style mélodique de Hook, si la guerre est ouverte entre les pro et les anti-NO MMXV, sanction sociale zéro : le nouveau bassiste Tom Chapman - ancien partenaire de fond de cours de Sumner et du guest Stephen Morris au sein du projet Bad Lieutenant - échappe au lynchage. Dans mon entourage, qui comprend moult fans, nulle aigreur ou très peu. Difficile, il est vrai, de ne pas reconnaître à Chapman rigueur, efficacité et style à l'écoute de Music Complete. Le jeune, sans défigurer NO, n'aura point pris ses grimaces au vieux. Les basses sont moins aiguës que celles de Hook, sans doute plus académiques, mais elles donnent assurément confort et assise à la musique dévoilée en 2015. Ne pas chercher à être l'autre, c'est respecter son artisanat. Et le pont de basse d'"Academic" est une splendeur. 
En définitive, la quatre-cordes joue un rôle un peu nouveau dans New Order. Un rôle tout sauf secondaire. 

2015 : réinventer NO 
Quelque crédit qu'on veuille lui accorder à partir de 2015 et de Music Complete, New Order n'est plus tout à fait le même groupe - il faut être honnête. 
Un humain manque, mais - et c'est peut-être plus important, du moins vu d'ici, une tradition est respectée : la recherche d'un point de rencontre (je n'ai pas dit équilibre) entre sources organiques et de synthèse. New Order ne se réinventera pas que par lui-même : sa réinvention passe par le fait que nous réinventions ce groupe pour nous-mêmes. 
Autrement dit, que si nous acceptons qu'il change.
Dès lors, pas d'autre statut à accorder à Music Complete que celui d'un travail sur une forme de tradition et le dépassement en douceur d'une histoire précédente. Interaction assainie entre les musiciens : sans doute New Order n'aurait-il pas accouché du même Music Complete avec Peter Hook, et ceux qui aiment pour de vrai le disque dans sa version achevée, accepteront avec plus d'aisance cette absence que d'autres ne digèrent pas. 

L'impossibilité de vivre plus longtemps ensemble doit-elle empêcher une majorité de continuer à oeuvrer musicalement ? Je ne parle pas ici de business, de montages juridiques, même si je sais pertinemment qu'ils révèlent quelque chose d'une intention, d'une économie. Le droit habille toujours un projet, mais laissons cela aux juges, mieux habilités que la plupart d'entre nous pour apprécier l'opportunité et la justesse des choix des hommes. 
Plus simplement : dans la notion de groupe, le "savoir vivre ensemble" est la condition d'une chimie - et, dans le meilleur des cas, d'une vivacité de l'art. La possibilité de ce "vivre ensemble" est le seul préalable que je connaisse à un avenir commun. Et si je pars de ça, de l'idée qu'il y a à construire ensemble, qu'il y a désir en ce sens, alors la qualité de certaines chansons de Music Complete finira, pour tel ou tel auditeur, par peser plus lourd que le départ de Peter, quoique je puisse personnellement regretter de son absence, de sa gouaille, et de l'originalité (l'agressivité) de sa basse. 
Nul camp à choisir. Pas besoin, et surtout pas envie. Si vous aimez ce disque (ou du moins, certains de ses fragments), c'est que vous désirez un futur pour le groupe - simplement parce que vous le reconnaissez encore. Si vous le reconnaissez, c'est qu'il existe encore. 
Soudainement, je me dis que c'est devenu quelque chose de très intime, New Order.

L'histoire, quoi qu'il arrive, rendra justice aux uns et aux autres. 
Quelque part, elle est déjà rendue. 
Tous, Hook comme ses ex-copains, ont contribué à faire la réputation d'un son et derrière lui, d'une marque. Ce succès est passé par une musique aléatoirement bonne (Republic, difficile à écouter tout de même), marquante pour la culture populaire et bien évidemment celle des clubs. Quelques coups de dés font des faits d'armes.

Alors évidemment, tous ces hommes n'opéreront plus ensemble, officiellement, sous le nom de New Order. Mais plutôt que de prendre parti ou tomber dans une dialectique de l'impureté d'une marque déposée ou licenciée, sans doute vaut-il mieux souhaiter renaissance à tous. À ce compte, je préfère voir Music Complete non pas comme fin ou utilisation abusive d'une marque, mais comme l'expression, au-delà de son postulat sacrificiel, d'un désir raffermi, une énergie qui se disperse moins qu'elle ne se libère. 

Un héritage, en définitive, ne se mesure qu'à l'aune de ce qu'il dépasse.

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* (à paraître chez un certain éditeur en blanc ou noir et qui roule en poids lourd pour le rock) (mais chut)

> A LIRE : 
- la splendide interview de New Order réalisée par Mireïlle Beaulieu et parue dans Obsküre Magazine #26 (oct-déc. 2015). D'abord parce que le papier est super. Deuxio, parce que le magazine était super (ça, c'est moi qui le dis). Tertio, parce que ma collègue est super. 
Et le troisième point n'est pas le moins important. 


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#musiccomplete
#peterhook
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Commentaires

  1. Superbe article ! New Order est le groupe de la scène pop anglaise qui ne fera jamais l'unanimité et ce, depuis sa naissance.. puisqu'il est né d'une blessure atroce, celle de la disparition de Ian Curtis.. Dès lors toute existence ou survivance était suspecte, condamnable, reprochable.. Le départ de Peter Hook fut comme le second chapitre de cette disparition qui semblait couper le lien, le cordon ombilical avec Joy Division.. Et, pourtant il n'en est rien New Order prolonge le rêve imparfait d'une musique fragile et humaine.. c'est ce qui me touche chez eux..

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