Malcolm Young ǂ 06/01/1953 – 18/11/2017

Un jour arrive, et voilà. 
C'est fini.

Je me rappellerai toujours de cette matinée où ma fille est entrée dans le salon, alors que j'ouvrais les volets. 10 janvier 2016. La FM bruissait vaguement en cuisine.

"Papa, papa ! Bowie ! David Bowie est mort !"
Je l'ai regardée, elle et ses grands yeux.
Ma première réponse a été : "Mais... qu'est-ce que tu dis ?" 
Je frôlai l'accusation.
Elle n'avait pas dû comprendre. Elle est tellement dans la lune, cette gamine.
"A la radio, ils viennent de le dire ! J'ai bien entendu papa !"

Nous pleurons sur nous-mêmes à l'heure où nous pleurons nos héros.
La gamine est repartie et je me suis dirigé vers la cuisine. Deux secondes ont passé, un siècle. Et puis les mots qui sortent du poste.

Je suis revenu dans le salon. Personne.
Un vide s'est installé et à partir de ce moment-là, un temps défile sans vous. De vagues secousses intérieures vous rappellent au présent, mais le monde se dilue. Confusion, hébétude.  Les premières secondes et minutes.
L'acceptation, inéluctable, métamorphose notre monde. Le deuil est une douleur, mais la faucheuse rate toujours le coche. Son ratissage fabrique notre mythologie : les héros deviennent des Dieux.

Bowie est mort, Lemmy est mort et aujourd'hui, Malcolm est mort.
Je vais sur mes 45 ans et tous mes héros sont en train de mourir.
Je ne vais pas passer ma vie à pleurer. Malcolm est mort mais ses riffs sont indestructibles. High Voltage, c'était 1974, et quasi-rien qui depuis, hors la maladie, ait perturbé la machine de guerre. Les doigts de Malcolm sont la rigueur totale, l'attaque la plus franche et sûre du monde, cette hachure métronomique qui écrase le rythme du coeur et fait de nous des surhommes.

Voilà, c'est fini.
Cette fois Angus, tu es le dernier.
Mais nos héros sont nos parents, et nos parents seront nos héros. Le son de guitare est immense, et le diamant de la platine le rend immortel.

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